article de Sylvain Larocque – 16 novembre 2024 source : JOURNAL DE QUÉBEC
Véritable tremblement de terre politique, la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine annonce maintenant des changements économiques importants. Faut-il modifier son portefeuille de placements en conséquence?
La réponse courte est non, affirme sans hésiter Maxime Dubé, gestionnaire de portefeuille à Gestion de placements Claret.
«Il y a quand même pas mal de bruit autour de l’élection américaine. Mais le parti au pouvoir, c’est une variable parmi tant d’autres. La conclusion, c’est qu’il n’y a pas de changements radicaux à faire dans nos portefeuilles», explique-t-il.
«Si chaque fois qu’on voit une nouvelle, on vire son portefeuille de bord, ça n’a pas d’allure», insiste le spécialiste.
Si vous êtes déçu de la défaite de Kamala Harris, «ne laissez pas les émotions nuire à de bonnes décisions de placement», prévient d’ailleurs RBC dans une note récente.
Bon ou mauvais pour les marchés?
De façon générale, les économistes estiment que les promesses de baisse d’impôt et de déréglementation de M. Trump sont de nature à stimuler l’économie américaine, mais que sa menace d’imposer des tarifs douaniers corsés risque d’avoir l’effet inverse. Difficile, donc, de prédire quel effet tout cela aura sur les Bourses.
Les investisseurs n’ont pas tardé à mettre leurs lunettes roses. Dans les jours qui ont suivi l’élection du 5 novembre, les titres des banques et des pétrolières, entre autres, ont connu une bonne performance.
M. Dubé rappelle toutefois que, pendant le premier mandat de ce dernier, les titres pétroliers ont enregistré un rendement plus bas qu’au cours de la présidence de M. Biden. Pourquoi? Parce qu’en 2020, la pandémie a fait chuter la demande de pétrole. Puis, en 2022, la guerre en Ukraine a fait bondir les cours du brut.
Bref, «Washington peut avoir une influence positive ou négative sur le cycle économique, mais elle ne le contrôle pas», résume la RBC.
Quelle exposition aux É.-U.?
La seule élection de M. Trump ne devrait donc pas nous inciter à augmenter ou à diminuer notre exposition aux marchés américains. Comme d’autres gestionnaires, M. Dubé se sert de cette règle comme guide pour la répartition géographique d’un portefeuille d’actions: 40% aux États-Unis, 40% au Canada et 20% dans le reste du monde.
Peu importe le résultat de l’élection américaine, certains sont tentés de privilégier le Canada et le reste du monde pour la simple et bonne raison que les Bourses américaines ont connu d’énormes rendements ces dernières années.
Sur cinq ans, le S&P 500 américain a gagné environ 90%, contre 50% pour la Bourse de Toronto et 20% pour les marchés des autres pays développés.
Maxime Dubé croit toutefois que les Bourses américaines ont encore de la marge pour poursuivre leur croissance si la baisse des taux d’intérêt se poursuit.
Selon lui, Donald Trump pourrait modérer ses ardeurs s’il constate que ses décisions font plonger les marchés.
«Il a intérêt à ce que la Bourse performe bien», soutient-il. «J’imagine qu’il ne voudra pas laisser la marque, au bout de 4 ans, de celui qui a écrasé l’économie et la Bourse américaines.»